Sport d'hiver : comment minimiser son empreinte écologique?

« Dans mon temps, on avait de la neige jusqu’au cou ! » Combien de fois avons-nous entendu cette phrase, n'est-ce pas?

ski de fond sur neige

Dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, on est chanceux.euse.s rare: Dame Nature nous gâte encore avec des tonnes de neige ! Ici, l’hiver commence avant et finit après la saison froide que connaissent les régions plus au Sud. C’est le paradis du sport d’hiver et les possibilités d’activités hivernales sont infinies : raquette, randonnée pédestre, ski alpin, glissade sur tube, ski de fond, planche à neige, Snowkite, Fat Bike, etc.


C’est bien connu, le sport et le plein air sont des alliés pour favoriser le maintien d’une bonne santé mentale et physique. Mais si l’on veut continuer de profiter de nos vrais hivers québécois et de la belle neige naturelle pour s’amuser encore longtemps, c’est important de réfléchir à notre empreinte écologique, aux conséquences de nos activités hivernales sur le réchauffement climatique et aux réels impacts environnementaux générés par l’exploitation des divers centres sportifs.


Est-ce possible de faire du bien à notre corps et notre esprit sans faire de mal à notre environnement ? La question à 1000 $ ! Commençons par un survol de la situation actuelle, pour mieux comprendre les impacts environnementaux de nos activités hivernales. Ensuite, prenons exemple sur des initiatives qui ont déjà été mises en œuvre (on n’est pas les premiers à s’inquiéter du réchauffement climatique !) Sans inventer de solutions magiques, on peut quand même méditer sur quelques efforts collectifs et individuels à faire tout au long de la saison pour préserver nos hivers québécois un peu plus longtemps.

Les impacts environnementaux des centres de ski

La production de neige artificielle

Avec le réchauffement climatique, la production de neige de culture est devenue une pratique courante dans les centres de ski. Le canon à neige est un équipement de base dans plusieurs centres du Québec. Ces systèmes fonctionnent avec deux ressources principales : l’eau et l’électricité. De fines gouttelettes d’eau sont mélangées à de l’air comprimé afin d’être transformées en glace une fois pulvérisées dans l’air par le canon.


L’approvisionnement en eau perturbe l’écosystème qu’elle soit retenue de la pluie, prélevée de façon superficielle ou souterraine ou puiser à même le réseau de distribution d’eau potable. En modifiant le cycle de l’eau, on peut occasionner un manque temporaire dans certaines zones humides. L’inverse est aussi vrai lors de la fonte tardive de cette neige artificielle en masse. En gros, il ne faut pas jouer avec le cours naturel de l’eau parce que ça crée un effet… boule de neige! 


La consommation d’électricité est indispensable dans la mise en marche des canons à neige, particulièrement au moment de pomper l’eau à la source, puis lors de la pulvérisation du mélange d’eau et d’air comprimé. Certains modèles de canon plus technologiques sont plus éconergétiques, mais les produits d’entretien de ce genre d’équipement entraînent inévitablement des pertes d’huile dans l’environnement.

Les perturbations du milieu sauvage

Les particules de neige artificielle ont une forme et une composition différentes de la neige naturelle. La densité et le facteur isolant retardent la vitesse de fonte et changent la composition minérale de l’eau utilisée. Ce sont des éléments perturbateurs pour le sol, les microorganismes et la végétation.


La faune qui habite l’environnement naturel de nos pentes de ski est perturbée non seulement le jour par l’activité humaine, mais aussi le soir par le bruit des canons à neige. Ça, ce n’est pas l’idéal quand tu es un animal et que tu attends que le calme de la nuit te permette de chercher ta nourriture, on va se le dire.

Le transport

Selon l’inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre,  les émissions proviennent principalement du secteur des transports. Bien que cette étude englobe tous les types de transports, il est tout de même possible de faire un rapprochement avec les activités touristiques multipliées par l’attrait de notre saison hivernale, souvent éloignées des grands centres. Bref, c’est un facteur à prendre en considération dans l’évaluation plus globale de la situation.

La gestion des déchets

À l’arrivée du printemps, les pentes de ski dévoilent leurs dessous… les déchets : emballages, cigarettes, objets perdus, masques, etc. La dégradation de nos milieux naturels est victime de notre surproduction et de notre parfois bien mauvaise gestion des déchets. C’est pire quand on rejette ces détritus directement dans la nature (il suffit de penser à la quantité de microplastique qui se retrouve dans nos rivières) !

Des centres de ski plus verts

Au Saguenay, nous avons la chance de dévaler les pentes du centre de ski Valinouët situé sur le massif des monts Valin. La neige naturellement tombée du ciel couvre les pentes de ce centre ouvert de novembre à avril. Sa situation géographique idéale lui permet de ne pas avoir recours à la production de neige artificielle!


Situé dans les Laurentides, Tremblant collabore depuis quelques années avec des partenaires pour réduire son empreinte environnementale. L’entreprise a obtenu la certification de niveau 3 du Programme ÉCORESPONSABLE sous la supervision de Ecocert Canada. Son association avec Carbone boréal invite les skieurs et les touristes à compenser leurs émissions de gaz à effet de serre à l’aide de dons. Puis, le centre de ski s’est joint au mouvement Protect Our Winters Canada (POW) ralliant athlètes, entreprises et amateurs de plein air autour de solutions globales aux changements climatiques.

Comment minimiser son empreinte écologique ?

En mettant la loupe sur cette industrie de loisir et de plein air, il est facile de voir que nos activités hivernales ont un impact environnemental important. Quelles sont les pistes de solutions pour que les centres de ski tout comme les amateurs de plein air contribuent à la réduction des impacts néfastes ?

Encourager des entreprises soucieuses de l’environnement

Comme les centres de ski ont tout intérêt à protéger la montagne pour assurer la pérennité des sports d’hiver, encourageons ceux qui cherche à atténuer leur impact environnemental en :


  • veillant au maintien des écosystèmes ;
  • choisissant des équipements écoénergétiques ;
  • gérant et réduisant les matières résiduelles (recyclage et compostage) ;
  • offrant un système de navettes gratuites ;
  • mettant en place des programmes incitatifs pour le covoiturage ;
  • utilisant l’énergie solaire ;
  • installant des bornes de recharge pour les véhicules électriques ;
  • etc.

Profiter de l’hiver sans prendre la voiture

Éviter de prendre sa voiture le plus possible est un geste assez concret pour réduire son empreinte environnementale ! Privilégier les activités sans moteur également.


Rappelons-nous que le cœur est un moteur puissant et que nos muscles font de notre corps un bolide plutôt intéressant à mettre au défi. Rien de mieux que d’huiler ses articulations en bougeant. Misons sur des sports d'hiver accessibles et économiques : ski de fond hors piste ou classique, raquette, patinage, etc.

Diversifier ses sorties en plein air à proximité de la maison

Regardons autour, notre terrain de jeu est immense ! Organisons des activités hivernales dans notre quartier et invitons les voisins à sortir. Pourquoi ne pas construire une butte de neige pour permettre aux enfants de glisser ? Donnons-nous rendez-vous à la patinoire comme dans le bon vieux temps. Allons marcher et même pelleter en famille avant de s’installer pour souper au chaud!

Covoiturer pour se rendre à la montagne

Lorsque nous prévoyons une sortie en montagne, dans un parc ou un centre de ski loin de chez nous, organisons du covoiturage. Ainsi, nous réduisons le nombre de voitures sur la route, mais aussi le nombre de véhicules en marche dans la file d’attente pour entrer sur le site. Sans compter que la route est d’autant plus agréable en bonne compagnie et que les frais d’essence sont répartis !

Mieux planifier sa sortie à l’extérieur

Pour passer la journée dehors, il faut organiser ses flûtes ! Le meilleur moyen de bien le faire, c’est de se préparer la veille pour ne rien oublier dans la frénésie du matin. Voici cinq trucs pour y arriver :


  • S’informer de la température et prévoir les bons vêtements. Comme ça, on évite d’acheter un item à la boutique de l’accueil alors qu’on le possède déjà à la maison.

  • Remplir ses bouteilles d’eau réutilisables à la maison. Quand on se prépare bien, on évite d’arrêter en route pour acheter une bouteille d’eau en plastique au dépanneur.

  • Préparer son café pour emporter à la maison. En plus d’économiser pour le chemin de l’aller, on peut s’offrir un remplissage sur la route du retour.


  • Prévoir un « kit de rechange » pour la fin de la journée. À la fin d’une activité hivernale, le meilleur moyen de se réchauffer, c’est d’enlever ses vêtements humides pour en enfiler des secs. Inutile de faire chauffer l’auto pendant 40 minutes dans le stationnement.

Louer son matériel de plein air

Le meilleur réflexe avant d’acheter quoique ce soit, c’est de se questionner sur ses besoins. Ici, la question à se poser c’est : combien de fois vais-je utiliser cet équipement pendant l’hiver ?


Louer ou emprunter du matériel de plein air est une belle alternative pour ceux et celles qui pratiquent des sports d’hiver de façon ponctuelle. Pour les débutants, c’est aussi un bon moyen d’essayer un nouveau sport d’hiver pour valider son intérêt. Pratiquement tous les centres proposent la location d’équipement et il est souvent possible de réserver son matériel en ligne.


On peut toujours magasiner du matériel de seconde main dans divers points de vente ou participer aux bazars organisés par les centres de ski à la fin de la saison ! L’idée, c’est juste d’éviter d’acheter du matériel qui va « dormir » dans le cabanon et qui finira par être jeté en ayant servi que quelques fois.

Comment choisir, entretenir et réparer ses vêtements d’hiver?

Les amoureux de l’hiver vous diront qu’il suffit d’être bien équipé pour l’apprécier… et franchement, ils n’ont pas tort ! Pour bien « s’équiper » comme ils disent, il est possible de louer du matériel de qualité, de se procurer de l’équipement de seconde main et d’acheter des vêtements faits ici par des entreprises qui sont des acteurs du développement durable. Les petits gestes comptent :

    • Acheter des vêtements de seconde main ou fabriqués à partir de tissus recyclés, comme chez nous!
      • Lire les étiquettes de nos vêtements et opter pour la qualité et la durabilité des matériaux. Même si à l’achat, ça semble plus dispendieux : combien de saisons vont traverser ces vêtements ?
      • Prévenir les bris et l’usure en faisant l’entretien de notre équipement et de nos vêtements : nettoyage, aiguisage, traitement, entreposage, etc. En prolongeant leur durée de vie, notre investissement de départ est maximisé et notre consommation sera moindre.
      • Réparer ce qui se répare (vêtement comme matériel) ! C’est l’occasion idéale pour aller prendre le thé chez sa grand-mère afin qu’elle nous enseigne le rapiéçage ou d’apprendre par soi-même en consultant des vidéos « DIY » sur comment réparer de la fibre de verre par exemple.

       

       

      Depuis quelques années, on constate les répercussions des changements climatiques parce que (entre autres) les journées d’enneigement diminuent l’hiver. C’est un peu là qu’on prend conscience des dommages collatéraux de notre empreinte écologique.


      Pour favoriser une pratique de sport d’hiver durable, il faut d’abord identifier les impacts environnementaux de nos activités. L’idée, c’est juste d’engager une réflexion au sujet de notre empreinte écologique, qu’on soit skieur aguerri, propriétaire de centre de ski ou glisseur du dimanche. Quand on sait pourquoi, on peut faire de meilleurs choix!

      Évidemment, chaque saison a son lot de défis à relever. Comme il faut bien commencer quelque part, je nous invite à prendre le temps de sauver l’hiver un flocon à la fois !

       


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